Nous recevons parfois des témoignages de personnes en situation de handicap partageant leur désarroi face à l'incompréhension de la société, de leurs proches, de leurs interlocuteurs lorsqu'ils osent faire part de leurs désirs et/ou besoins sexuels.
Aujourd'hui nous avons reçu un témoignage d'un de ces interlocuteurs sur la prise de conscience de cette problématique et d'une réelle envie de changer le regard des professionnels et des aidants afin de répondre au mieux à la détresse de certaines personnes en situation de handicap.
C'est avec plaisir que nous partageons ce texte inspirant qui, nous l'espérons, donnerons envie à beaucoup d'établissements de mettre des choses en place pour faciliter la communication sur ce sujet tabou.
"Je suis responsable d’une agence de service à domicile : “Vitalliance”. Nous accompagnons des personnes en situation de handicap dans leur quotidien.
Les interventions sont diverses et variées (toilette, repas, sorties, vacances et bien d’autres missions). Les auxiliaires de vie qui réalisent ces interventions sont au contact de nos bénéficiaires quotidiennement, parfois quelques heures par semaine, par jour, mais également 24h/24, 7j/7.
Nos bénéficiaires sont des enfants, des adolescents, des adultes et des personnes âgées. Chacun d’entre eux, dans leur unicité, a une vision de la sexualité et de la vie affective différentes qui vient parfois s’intégrer aux accompagnements de nos professionnels.
Le sujet de la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap est bien connu de tous. Toutefois, il fait encore l’objet de nombreux tabous, de non-dits et de silences.
Les questionnements sont multiples : Comment accorder de l’intimité à une jeune personne qui nécessite une surveillance constante ? Comment réagir face à un bénéficiaire qui vous fait des avances ? Que dire à une personne dont la survenue du handicap a aboli sa vie sexuelle ? Comment en parler aux familles ? Les questions techniques, pratiques et éthiques viennent donc se mélanger et sans possibilité de répondre.
D’ailleurs, quelles sont les réponses, quelles sont les “bonnes réponses” ? Les tabous et représentations sont tellement présents que nos professionnels n’ont pas toujours les armes et les mots pour y répondre. Leurs parcours de formation n'incluent pas toujours de “module” sur le sujet. Alors moi aussi, je me suis demandé quelles sont les ressources à ma disposition pour aider les professionnels de mon agence ? Mes collègues aussi se questionnent, quelles sont nos limites ? Que pouvons-nous faire ?
Alors nous prenons de la hauteur, à notre niveau, avec nos mots, nos expériences professionnels, nos formations, nos recherches, nos conseils, nous tentons chaque jour d’accompagner nos professionnels et nos personnes accompagnées sur le sujet malgré le peu de reconnaissance accordée à la vie sexuelle et affective des personnes en situation de handicap.
Aujourd’hui, afin de répondre au mieux à la question, nous essayons de multiplier les partenaires qui pourraient former nos auxiliaires de vie et l’agence, casser les tabous et leur donner des clés pour trouver les bons mots, et apporter des réponses adaptées.
Nous accompagnons nos bénéficiaires dans tous les aspects de leur vie, nous avons donc pour mission intégrante de travailler aussi avec eux le sujet de la vie affective et sexuelle, nous nous employons chaque jour, avec nos moyens, à changer les regards, les mentalités, à faire tomber les barrières de chacun pour permettre à nos bénéficiaires de s’épanouir pleinement sur tous les plans."