Points de vue - Page 2

  • Témoignage d'Audrey

    Témoignages.jpgDans notre thématique Plaisir...

    Nous vous proposons le témoignage d'Audrey :

    Quand et pourquoi s'est-elle intéressée à la question "Sexualité et Handicap" ?

    Si vous aussi, vous souhaitez partager aux lecteurs de notre blog, vos intérêts et motivations pour ce sujet tabou, n'hésitez pas à nous contacter.

     

    Je suis psychologue clinicienne et depuis de nombreuses années je constate effectivement les difficultés et le manque de reconnaissance attribués aux personnes que j'accompagne concernant leur vie affective et sexuelle

    Cela a commencé quand j’étais Aide à domicile pour des traumatisés crâniens, où le jeune homme de 22 ans que j’accompagnais (handicapé suite à un AVC à l’âge de 16 ans) a commencé à me parler de ses questionnements, de ses désirs, de ses envies, et puis ça l'intriguait tout simplement ... depuis le temps qu'il y pensait ! Son AVC l’avait comme coupé en plein vol, à l’âge où sa sexualité émergeait ; mais avec le handicap, ses troubles cognitifs, …  Les rencontres étaient déjà rares (car la vie sociale s’était réduite) et compliquées ; la question s’était même posée qu'il rencontre une prostituée mais hors de l'aspect légal, toutes sortes de questions se sont posées à nous (autant pratique et psychologique : former la personne aux gestes de transfert, impact traitement sur l’érection ? qui veut-il pour l'y conduire ? est-ce la place de la famille ou de l’aide à domicile ? était-il réellement prêt pour un acte sexuel ? ...) bref une multitude de questions techniques, éthiques, pratiques, pour un moment d’intimité ; j’étais forcée d'admettre l’impossibilité de répondre à cette demande en l’état actuel des choses ; une demande pourtant si compréhensible.

    Mes quelques années en gériatrie m’ont permis de constater que la sexualité y était aussi difficilement acceptée, surtout sur le versant pulsionnel, et hors couple ; alors pour résumer : c'est interdit, empêché par crainte que cela ne soit pas consentit (surtout avec les déments) !

    Depuis 4 ans, de nouveau je travaille avec des adultes handicapés et, 15 ans après cette première expérience, toujours les mêmes frustrations, questions et toujours peu de solutions concrètes et satisfaisantes à leur proposer !

    Alors j’ai décidé de m'investir dans cette question qui ne cesse de se poser dans ma pratique depuis 20 ans et pour laquelle les réponses sont encore et toujours insuffisantes.

     

    Audrey

  • Focus... PLaisir ... Chères zônes érogènes

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    Et si nous parlions plaisir...

    Sur cette thématique, nous vous proposons comme premier volet, la lecture de ce magnifique texte écrit par Audrey, que nous remercions chaleureusement de nous permettre de le partager avec vous.

     

     

    Chères zônes érogènes,

    Imaginez que le propriétaire de votre corps ne maîtrise plus bien ses gestes.

    Imaginez que ses mains qui venaient si souvent vous soulager ont perdu de leur vigueur, de leur dextérité ou de leur maîtrise, et qu’elles sont dans la quasi impossibilité de vous toucher, vous caresser, vous empoigner, ou vous frictionner ; Que vous portez désormais une protection (sorte de couche-culotte), qui en bloque même l’accès.

    Imaginez vous tributaire des autres pour pouvoir regarder un porno (ouvrir le boîtier, insérer le DVD, taper la recherche youporn, ...)  ou vous masturber (et oui désormais il faut demander à quelqu’un pour se déboutonner) 

    Imaginez vos pulsions soumises aux décisions de l’autre : aujourd’hui c’est Monique, aide soignante, qui considère que vous n'avez pas besoin de vous masturber, ou que vous n'avez pas le droit car vous l'avez déjà fait hier et qu’il a été décrété que ce n'est pas plus de deux fois par semaine (oui je suis d’accord Monique ne doit pas souvent se masturber si elle en vient à dire cela mais c’est ça aussi la sexualité des personnes dépendantes, elle est soumise au jugement de l’autre et à ses représentations, ses normes!) ; demain ça sera peut être Alice, ou Thomas, qui se montrera peut être plus clément avec vous !

    Et puis chères zones érogènes, imaginez que vous vous lassiez de cette activité solitaire, que vous ayez envie de partager cela avec quelqu’un ; Et bien vos rencontres vont être bien limitées en institution, vous vivez avec 30/40/50 personnes, depuis 10 ou 20 ans, et c’est malheureusement bien souvent dans ce cercle fermé que vous allez devoir trouver un futur partenaire ;

    Et là encore, le corps ne suivant pas toujours, vous devez demander à être mis au lit a coté de telle ou telle personne ; donc plus d’intimité ; et puis vous serez jugé pour le type de relation que vous aurez ; les équipes soignantes vous feront des réflexions, on demandera d’officialiser des relations qui sont de l’ordre du jeux sexuels en relation amoureuse pour qu’il soit accepté que de temps en temps on vous mette au lit ensemble (et ça sera définit : le lundi mercredi et peut être le vendredi pas plus ! c’est acté, c’est figé, il faut penser au collectif, au rythme de travail de chacun… « déjà que c’est pas vraiment un couple, ils se voient juste pour le sexe »,jugeront peut être certains professionnels ; n’imaginons pas si l’idée vous prenait de sortir des schémas classiques de la sexualité !

    Voilà chères zones érogènes, ce qui pourrait bien vous arriver si votre propriétaire se retrouvait handicapé (Sclérose en plaque, AVC, traumatisme crânien,…) Seriez vous résigné ou révolté ? Comment le viveriez vous ? Ne voudriez vous pas que l’on ouvre un peu les consciences sur cette question, afin qu’on cesse de vous juger, de vous limiter et qu’on vous laisse exprimer et vivre votre libido comme vous le souhaitez ?

  • Témoignage de Guillaume

     

    handicap et sexualité,témoignage,assistance sexuelle

     

    Nous sommes heureux de vous présenter le courageux témoignage de Guillaume.

    Si vous aussi, vous vivez cette merveilleuse expérience et que vous souhaitez la partager aux lecteurs de notre blog, n'hésitez pas à nous contacter.

     

     

    "Je m'appelle Guillaume, j'ai 23 ans. Je suis un jeune en situation de handicap moteur mon bras gauche est paralysé et je boite.

    Je n'avais aucune sexualité et ça m'a manqué clairement dans mon développement alors en 2019 j'ai décidé de contacter des escortes sur internet.

    J'avais des critères assez précis comme une femme plus âgée et qui comprendrait ma demande, c'est à dire découvrir la sexualité. J'ai rencontré trois escortes en tout. Dont une que je vois régulièrement à présent, toutes les 2 semaines environ. Elle a un travail et une vie amoureuse, les choses sont très clair entre nous. Elle m'apporte son écoute, sa beauté et ses conseils pendant une heure.

    Je n'étais pas spécialement à l'aise de payer pour pouvoir sentir l'odeur d'une femme, embrasser ou faire l'amour. Mais un an après en aucun cas je regrette. Je pense que ça m'a pas mal aidé pour ma confiance et mon estime de soi. J'ai accepté de témoigner car certes ce que je fais est illégal mais je ne pense pas être un salaud pour autant. De plus l’accès au plaisir et à la sexualité est le meilleur des antidépresseurs. Je pense que le début de l'assistance sexuelle doit être au minimum ouvert et que la demande de la secrétaire d'état au conseil d'éthique sera favorable."