témoignage

  • Témoignage d'un travail commun entre un professionnel de santé et une assistante sexuelle

    témoignage, ch(s)ose, assistance sensuelle et sexuelle, sexe et handicap, formation

    Faire appel aux services d’un ou d’une accompagnant-e sexuel-le est très délicat.

    Outre la gêne que nous pouvons ressentir à contacter cette personne, les questions que nous nous posons sont surtout :

    • Est-ce que cette personne est formée ?
    • Saura-t-elle appliquer les bons gestes ?
    • Aura-t-elle la bonne attitude pour mon handicap ?
    • Est-ce qu’elle ne va pas me faire plus de mal que de bien ?

    Nous sommes dans l’incertitude, la crainte mais aussi l’espoir, qui nous aide à passer le pas.

    Si vous vous reconnaissez dans ces lignes, nous vous invitons à lire le témoignage d’un Psychanalyste sur le travail qu’il a accompli avec une Assistante Sexuelle pour un de ses patients cet été, en cliquant ICI.

    Vous découvrirez la partie immergée de cet iceberg « Accompagnement sexuel » et comprendrez tout le sérieux et professionnalisme qui caractérise ce métier.

  • Témoignage de Christophe

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    Christophe est accablé par la solitude et la misère affective et sexuelle, comme de trop nombreuses personnes en situation de handicap en France. Il témoigne de cette injustice sociale et nous le remercions pour le partage de son texte édifiant.

     

    "Handicapé par Parkinson, je vis seul depuis plus de 10 ans.

    Je vais avoir 58 ans et dois me faire une raison - et croyez-moi ce n'est pas simple- jamais plus je n'aurais de rapport intime avec qui que ce soit.

    Il faut d'abord être lucide et reconnaître que l’État français est une référence au niveau du suivi médical et des aides sociales, aucun autre pays ne s'occupe de ses citoyens comme le fait la France. Ceci étant dit, je ne comprends pas pourquoi,sans exception, tous les gouvernements qui se succèdent, refusent de considérer que le monde handicapé est désespérément en manque de relations affectives et intimes.*

    J'ai constaté que la maladie et le handicap avaient, pour effet premier, de mettre de la distance entre nos amis, notre famille et nous. Les visites se font très vite à plus rares, voire n'existent plus. Avec une vie sociale très appauvrie, il devient quasiment impossible de faire des rencontres, de se (re)construire une vie privée.

    L'actualité est révélatrice, on constate que des scandales sexuels sont révélés à longueur d'année et concernent toutes les classes sociales : des peoples aux religieux en passant par la classe politique, cette même classe politique qui nous fait la morale en nous interdisant l'accès au contact physique, pourtant indispensable pour l'équilibre de chaque personne.

    Mes compagnons d'infortune et moi-même, ne demandons que, comme nos compatriotes dits normaux, retrouver les sensations réconfortantes et revitalisantes du contact physique - consenti, cela va de soi.

    Certaines personnes courageuses et (ou) concernées - souvent des proches de personnes malades ou handicapées - ont formé des associations qui nous proposent de renouer avec la vie affective. Hélas, ces associations, dont le but est pourtant noble, sont systématiquement menacées, elles aussi, pour leur fonctionnement "illégal".

    M'étant renseigné, j'ai eu l'occasion de converser avec des personnes de ces associations et toutes me sont apparues humaines, compréhensives, des hommes et des femmes avec un travail, des enfants, avec, dans le pays de " l'Egalité et de la Fraternité", une volonté impressionnante d'aider leurs prochains, frappés par le destin. Toutes ont un point commun: l'empathie.

    Mais, ces accompagnateurs (trices), et c'est d'actualité, doivent se déplacer- souvent très loin car ils (elles) sont peu nombreux(ses)- et cela coûte cher. De plus, elles aspirent tout aussi logiquement à recevoir une indemnité pour leur prestation.

    Pour moi, la somme est trop importante au vu de ma seule ressource qui est ma retraite d'invalidité.

    Alors tous les jours, je lutte contre cette maladie neurologique qui m'oblige, elle, les politiques, les donneurs de leçons et autres moralistes, des gens qui connaissent si peu de choses sur notre ressenti et nos manques, à me dominer, à oublier tout un pan de ma vie.

    Le monde médical, lui aussi, m'a beaucoup déçu en faisant très souvent la politique de l'autruche ; jamais mon médecin traitant ou les différents neurologues que j'ai pu consulter, n'ont abordé ce sujet délicat, ou alors tellement vite...

    Dernièrement, la MDPH m'a accordé une aide supplémentaire dite "de vie sociale". Et là, ma vie va enfin changer ! A moi, les parties de dominos, de jeux de cartes en veux-tu en voilà, et, pourquoi pas, soyons fous, de furieuses parties de scrabble !! L'oubli du manque physique par la pratique des jeux de société, il fallait y penser !"

    Christophe

    *La Belgique, la Suisse, et bon nombre de pays européen du Nord autorisent l'accompagnement intime

     

    Si vous aussi, vous avez le souhait de partager aux lecteurs de notre blog, votre expérience, votre ressenti, n'hésitez pas à nous contacter.

  • Témoignage de Patricia - Partie 1 - Foutu Corps

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    CH(s)OSE a lancé, il y a quelques mois, l'idée de proposer une rubrique "Témoignages" et de faire appel à vos talents créatifs d'écriture, de vidéaste, de dessinateur, pour partager ce que vous ressentez, ce que vous traversez, ce que vous avez envie de nous dire sur ce sujet du handicap et de la sexualité.

    Patricia a gentiment répondu en nous proposant trois formidables textes pour exprimer son ressenti de personne en situation de handicap. Elle se livre toute entière et met son âme à nue.

    Aujourd'hui nous vous partageons son premier texte "Foutu Corps"... POIGNANT !

     

    Foutu Corps

    "Il est là, allongé, inerte, tel un vieux bout de bois pourri. Mon corps, puisque c’est de lui dont il s’agit, ne me sert à rien. Je le regarde tous les jours avec de la pitié et du dégoût. Pauvre mec. Espèce d’incapable. Tout ça, c’est de ta faute. Si tu n’étais pas dans cet état de décomposition totale, nous n’en serions pas là. Tu te rends compte à quel point tu nous prives, tous les deux, des merveilleuses choses qui nous entourent ? Je sais pertinemment que tu en souffres aussi, mais au lieu de te relever et d’assurer comme un homme, tu n’es qu’une loque humaine, un bon à rien. Je veux plus de toi. Casses-toi ? Je ne peux même plus te regarder en face. Bon sang, tu ne vois pas qu’on tombe ? Que je tombe ! Car à vrai dire, toi je m’en fous, tu peux crever ! Le problème c’est qu’on est deux et qu’on est liés par cette putain de vie, alors je ne te laisserai pas me détruire complètement. Relève la tête minable, bats-toi. Tu veux manger n’est-ce pas ? Tu crèves de faim ? Mais pour ça, il faut que tu ailles au charbon. Pour commencer, il faut que tu sois présentable. Tu crois que quelqu'un pourra te regarder dans cet état ? Tu es mou, tu es moche, tu es paresseux, tu restes là statique sans bouger le petit doigt. La bouffe ne te tombera pas du ciel. J’ai essayé à maintes reprises de t’aider, avant qu’il ne soit trop tard, mais non, Monsieur n’en fait qu’à sa tête. Ha !! Il est beau le résultat !! Et moi ?  Tu as pensé à moi, même une seule seconde ? Non, jamais, tu n’as fait que baisser les bras sans te soucier des conséquences du mal que cela pouvait me faire. Je me tords de douleurs chaque jour en essayant de trouver une solution, je ne peux pas te porter tu es est bien trop lourd pour moi, et tu m’entraînes avec toi dans cette descente aux enfers. Moi ce que je veux c’est vivre, être libre, voyager, aimer, marcher, courir, toucher. J’ai envie de hurler à la mort quand je me rends compte que ces plaisirs simples et pourtant vitaux me sont inaccessibles. Pourquoi moi ? Pourquoi m’as-tu choisi ? Tu aurais pu échouer partout ailleurs, chez un être humain plus faible qui se contente d’une petite vie bien tranquille. Non, il a fallu que tu viennes t’échouer sur moi. Que tu te jettes à corps perdu dans mon esprit. Ton inertie me pèse. Vois ! Vois à quel point plus les années passent, plus je perds goût à la vie. Moi qui au départ était une enfant pleine de vie, de rire, de joie… J’étais pleine de rêves, j’aimais cette innocence dans laquelle je me trouvais. À présent mon quotidien n’est fait que de tristesse et de désespoir. Voilà, depuis ta venue chez moi, tu peux constater à quel point je suis tombée bien bas. Je me suis fanée. Finalement, je fais autant pitié que toi. Tu t’es immiscé dans mon esprit, dans mon âme, et petit à petit, tu as réussi à les contaminer. J’ai tout fait pour les sauver, mais rien n’y fait.  Il y a quelque chose qui m’échappe quand même. Comment se fait-il que depuis des années et des années tu me répètes sans cesse que ton désir le plus profond c’est de toucher l’autre ? Or je ne t’ai jamais vu tenter le moindre mouvement quand tu en as eu l’occasion. Comment veux-tu que je te fasse confiance ? Pourtant, même si elles sont très rares, tu as eu l’opportunité d’agir, d’ailleurs en ce moment tu en as une très belle, jamais tu retrouveras une  occasion comme celle-là... Mais non, tu te dégonfles, t’es une vraie mauviette, un lâche. Voilà pourquoi je n’ai plus aucun respect pour toi.

    Tiens, c’est curieux, à ces derniers mots j’ai pu constater une petite réaction. Il vient de bouger un bras, comme pour me dire qu’il était d’accord avec ce que je venais de dire. Je t’ai fait une promesse et je la tiendrai, sache que cela demande d’énormes efforts de ma part, notamment d’organisation, mais aussi d’investissement personnel car tout mon être est occupé depuis bien des mois, mais je sais que tu en as terriblement besoin alors j’ai accepté de te payer quelqu’un pour que tu puisses t’épanouir, je ne veux que ton bien-être contrairement à toi. Petite précision t’as vraiment intérêt à assurer sur ce coup ! Je te tiens à l’œil et inutile de te dire qu’après cela j’attends un sursaut de ta part.  Alors je te demande pour la énième et énième fois de faire des efforts, lève-toi, bats-toi, agis bon sang ! Tu n’es pas le seul à souffrir. Si tu veux, je suis là pour t’aider, mais je ne ferai pas tout le boulot à ta place. Je compte sur toi, sinon je te le dis honnêtement je serai dans l’obligation de prendre des mesures drastiques contre toi. Notre cohabitation ne peut plus durer.

    À toi de voir…"

    Patricia