témoignages

  • Sex Happiness PLAISIR & HANDICAP

    Visuel épisode 7.jpgLes personnes en situation de handicap ont-elles accès à une vie sexuelle épanouie ?

     

    Sex’Happiness, c’est donner à tous le pouvoir de s’éduquer et de s’approprier sa propre sexualité en fonction de ses goûts et de ses envies. C’est remettre en question les normes sexuelles pour offrir à tous du vrai sexe sans discrimination ni jugement.

    Découvrez différentes facettes de la sexualité à travers 7 épisodes co-créés avec une grande marque de préservatif, des sexologues, des créateurs de contenus et de leur communauté pour répondre aux questions que vous vous posez sur le plaisir.

    Aujourd'hui, CH(s)OSE vous partage l'épisode 7 : Plaisir & Handicap

    "Qu’il s’agisse de partager des sentiments amoureux, d’avoir une relation ou de fonder une famille, chacune et chacun a le droit de mener sa vie affective, intime et sexuelle en fonction de ses choix. Pourtant, les personnes en situation de handicap n’ont pas toujours cette liberté : trop de barrières subsistent encore, en particulier dans le regard que la société pose sur le handicap.

    La représentation sociale dans les médias d’un corps idéal, place les personnes en situation de handicap hors de la “norme". Cela est susceptible de les isoler socialement, affectivement et d’inhiber toute forme de désir. Mais votre sexualité, quelle que soit votre situation, ne peut pas être niée. Il en va de la dignité et du droit au plaisir pour tous.

    Le regard, voire le jugement, porté sur un couple composé d’une personne ayant des incapacités et d’une personne valide ou sur un couple de deux personnes en situation de handicap reste très variable entre la surprise ou l’incompréhension…jusqu’à asexuer - à tord - les personnes en situation de handicap, pensant qu’elles ne peuvent avoir ni désir, ni sexualité. Ou se questionner sur leur possibilité d’avoir des enfants. Cette multiplicité d’idées reçues sont autant de freins à l’évolution de la situation et peut s’avérer finalement plus enfermante, blessante ou stigmatisante que le handicap lui-même. De tels préjugés empêchent de voir la réalité telle qu’elle est : la situation de handicap ne préjuge pas de vos envies et de vos désirs, des possibilités et du devenir de votre vie affective et sexuelle.

    Il est donc plus que jamais essentiel de revendiquer haut et fort la reconnaissance d’une vie affective, intime et sexuelle pour toutes et tous pour :

    • Permettre aux personnes en situation de handicap d’exprimer leurs choix et aspirations, et d’en garantir le respect.
    • Changer les regards et les mentalités sur la vie intime, affective et sexuelle des personnes en situation de handicap en dépassant les préjugés."

     

  • Témoignage de Patricia - Partie 3 - Confessions

    Témoignages.jpgCH(s)OSE accorde beaucoup d'importance à ce que vous avez besoin d'exprimer. C'est pourquoi nous vous proposons une rubrique "Témoignages".

    Vous pouvez y livrer vos réflexions, vos ressentis, vos joies, vos peines. A la lecture de ces différents textes, vous vous direz peut-être "moi aussi je ressens la même chose". Et c'est bien parce que vous êtes nombreux.ses que CH(s)OSE a choisi de militer pour la légalisation de l'assistance sensuelle et sexuelle et de porter ainsi votre voix ! Tous ces témoignages nourriront notre argumentation auprès des politiques et nous vous en remercions.

    Aujourd'hui nous vous partageons le dernier texte que Patricia nous a offert :

    CONFESSIONS

    "Je ne supporte plus ce corps inerte qui est en totale opposition avec mon esprit qui lui est en mouvement perpétuel.

    Il ne cesse de s’agiter, d’avoir des avis sur tout, d’être le porte-parole mais il rencontre toujours sur son chemin ce foutu corps qui lui livre une guerre sans merci. Alors commence un combat sanglant entre ces deux protagonistes, nul ne sait qui sera le vainqueur mais ce qui est sûr c’est qu’après chaque combat, des séquelles irréversibles apparaissent pour chacun d’eux. Le seul moment où ces deux-là sont en paix c’est quand ils se retrouvent  sur une scène de théâtre. À ce moment très précis, ils peuvent, à leur aise, s’exprimer librement et sans limites. Ce qui est insoutenable depuis plus de quinze ans ce sont ces nombreux désirs que je ne peux assouvir. Ils sont de tout ordre, mais le plus dur est de faire abstraction totale d’épanouissement amoureux et sexuel. Il est inconcevable pour moi de continuer à vivre de la sorte, c’est une mort lente et terrifiante qui se profile à mes yeux et je n’arrive pas à trouver d’issue de secours. C’est comme si je manquais d’oxygène. Je me retrouve souvent à bout de souffle, cherchant en vain de l’air pur et vivifiant  - mais tout ce que je respire c’est un air pollué et asphyxiant. Mon corps, ma peau, mes veines réclament à manger. Peu à peu ils perdent vie et entraînent toutes mes autres entités (esprit, psychisme, cœur, sentiments) vers un gouffre sans fond. Comment pourrais-je m’extraire de cette enveloppe charnelle au moins pendant quelques heures ?

    Je n’ai commis aucun crime et pourtant j’en ai pris pour perpette.

    Aucune caution, aucun appel, aucune peine purgée ne pourra mettre un terme à cet emprisonnement. Alors, au constat de cette vie si terne, un poison circule dans mes veines. Malgré de nombreux efforts, je ne peux l’empêcher de se  répandre dans tout mon être. Ce poison prend plusieurs formes mais les plus importantes restent la colère et l’impuissance. La colère vous brise, la colère vous anéantie, ça brûle à l’intérieur, c’est dévastateur. Des flots de sang voudraient sortir de moi. Quand je m’exprime, j’ai cette sensation de cracher des litres et des litres de sang, ce qui sur le coup libère, mais ce qui est vicieux c’est qu’à peine vidées les vannes se remplissent aussitôt jusqu'à débordement. C’est un cycle sans fin. Souvent,  je pense que je ne suis « rien ». Il y a une explication à cela. En fait, pour moi « l’avoir » construit « l’être » or, je considère que mon ou mes « avoirs » sont infimes pour ne pas dire nuls. Alors comment mon « être » pourrait-il se développer normalement ? Il n’est pas assez nourri pour cela, il ne possède pas assez d’éléments pour cela, sa croissance est douloureuse, quasi impossible. J’en arrive à cette conclusion que mon « être » ne peut exister sans son allié : « l’avoir »."

    Patricia

     

  • Témoignage de Patricia - Partie 2 - La Bête

    Témoignages.jpgDès qu'il s'agit de s'exprimer sur la sexualité, il y a comme un blocage... Nous avons tendance à garder nos problèmes, nos ressentis, nos besoins pour nous.

    Et pourtant ! Il est important de se rendre compte que nous ne sommes pas seul.es à ressentir les mêmes émotions.

    C'est pourquoi CH(s)OSE propose une rubrique "Témoignages". Pour que vous puissiez vous dire "moi aussi je ressens exactement la même chose !" et ainsi, nous l'espérons, vous aider à casser l'isolement où vous êtes. 

    Patricia nous a proposé trois formidables textes pour exprimer son ressenti de personne en situation de handicap. Elle se livre toute entière et met son âme à nue.

    Aujourd'hui nous vous partageons son deuxième texte "La Bête".

    LA BÊTE

    "C’est l’automne, les feuilles tombent et mon cœur pleure. Je suis née dans ce monde, mais je n’en fais pas partie. En effet, je ne suis qu’un simple spectateur. Je me contente d’observer toute cette agitation, de loin, par ma petite fenêtre. Je frotte dessus en tentant d’enlever toute cette buée et là, je contemple pendant des heures entières les lumières de la ville. C’est un spectacle magnifique qui s’offre à moi. Parfois, il me semble que ces lumières m’appellent. Je me sens irrémédiablement attirée par elles, mais je n’ai pas le droit de m’en approcher, je dois simplement me contenter de les observer, en silence, en m’imprégnant de l’apaisement qu’elles me procurent. Je suis une bête condamnée à errer dans un monde sombre et souterrain. Ce monde, c’est le mien. Je ne suis que l’ombre de moi-même. Si l’on s’approche de moi, je déclenche chez les autres de la peur, mais cette peur est parfois teintée curieusement  d’une certaine attirance. J’attire, j’interpelle, mais bien souvent, c’est la peur qui l’emporte alors je retourne me terrer dans mon monde.  J’aimerais tellement pouvoir partager des choses avec les autres, partager mes joies, mes peines, mes doutes, mes coups de cœur, mes coups de gueules, toutes ces émotions ancrées en moi qui ne demandent qu’à sortir et surtout à prendre vie à travers les autres. Pourquoi mon apparence singulière fait-elle fuir à ce point ? Mon humanité est à la hauteur de  mon image, mais elle ne la reflète en rien. Mon corps fait peur, il repousse presque instinctivement, comme  lorsque l’on sent un danger immédiat.

    Mon cœur et mon âme sont purs, sincères, généreux. Ils ne demandent qu’à aimer et ressentent les choses avec une intensité quasi perceptible. Si l’on me pique, je saigne, si l’on m’attaque, je réponds et si l’on m’aime, je me sens remplie d’un bonheur immense et sans limites et je rends cet amour au centuple.

    Je ne suis tout simplement qu’un être humain. Malgré cela, mon physique prend toute la place, c’est lui qui est perçus en premier et il laisse de côté le reste de mon être. Certaines fois, j’imagine rencontrer ma belle. Elle ferait abstraction de mon apparence et aurai la force et l’intelligence d’aller au-delà, de gravir les monts les plus abrupts en sachant qu’au sommet l’y attend les  paysages les plus merveilleux qui lui était donné de voir dans sa vie. Enfin à deux, nous pourrions partager ce moment unique !!! Tout ceci n’est que pure chimère, alors la souffrance et la colère se transforme en un monstre horrible et difforme qui bouscule tout sur son passage. On entend même des râles rauques sortis de mes tripes. Vite, je dois retourner dans mon monde ou tout n’est qu’illusions mais tellement salvateur parfois. À chacune de mes sorties, je risque d’être capturé tel un animal sauvage. Mon corps pourrait se retrouver enfermé derrière des barreaux, mais cela il en a l’habitude. Non, le plus grave, serait de voir mon âme totalement privée de liberté, elle serait incontestablement entrainée vers la mer  des ténèbres  et n’y survivrai pas…"

    Patricia