Points de vue

  • Témoignage d'Adrien : Le handicap de l'altruisme

    Témoignages.jpgAujourd'hui, nous vous proposons le témoignage d'Adrien.

    Il se dévoile et partage un texte à son image, tout en sensibilité, générosité et délicatesse.

    Si vous aussi, vous souhaitez partager aux lecteurs de notre blog, vos intérêts et motivations pour ce sujet tabou, n'hésitez pas à nous contacter.

     

    Le handicap de l’altruisme

    "A l’âge de 20 ans je suis tombé d’un arbre parce que j’aime bien grimper dans les arbres. Je me suis cassé le cou parce que je suis un peu casse-cou. Depuis je suis paralysé des épaules jusqu’au pied. En revanche pour ma timidité tout va bien. Ça n’y change rien.

    Le fait est que depuis mon enfance j’ai toujours appris à me soucier des autres et à me sacrifier pour mon prochain et la collectivité. Ça a beaucoup conditionné mes premières expériences sexuelles où je progressais à tâtons le long du corps de mes partenaires à l’affût du moindre gémissement de plaisir ou du moindre soupir d’ennui. Doté d’un très bon flair et d’un touché hors-pair j’ai toujours su comment profiter astucieusement des réactions du corps pour amplifier le plaisir. À 17 ans j’ai reçu mon plus beau compliment de la part d’une fille de 21 ans plutôt dévergondée : « tu fais l’amour comme une femme ».

    Ma sensibilité ne m’a jamais quitté. Depuis que je suis paralysé c’est même devenu un avantage pour percevoir et analyser les sensations très discrètes de mon corps. En revanche c’est mon altruisme forcené qui me fait galérer avec les relations sexuelles. Je suis devenu l’objet de toutes les attentions. Et tout le monde veut absolument me faire plaisir notamment les filles que je séduis. Pas facile pour moi de devenir receveur alors que j’ai toujours été donneur universel !

    Sans parler du fait que j’ai toujours pratiqué le sexe dans un lent rapprochement silencieux des corps ou la douceur se mue en excitation. Impossible pour moi de prononcer des paroles ou d’inviter verbalement à une relation. Ça me gâche toute l’entrée en matière. Harnaché sur mon fauteuil roulant c’est malheureusement un peu compliqué de me rapprocher discrètement de l’intimité de ma partenaire.

    En plus comme je suis très exigeant je tiens absolument à ce que ma partenaire profite au mieux de cet état de détente qui surgit lorsque nos corps commencent à discuter. Une sorte de rouleau compresseur en chamallow qui déplie l’espace sous la peau. Quand je peux commencer à parcourir chaque frisson du bout des lèvres… qu’est-ce que j’aime ça ! Bref. Imaginez ma frustration de devoir donner rendez-vous plusieurs heures ou plusieurs jours mêmes avant de passer à l’action !

    Avec le temps je me suis mis à rêver d’un service public avec des cabines pornographiques où l’on pourrait se rendre dès que le besoin se fait sentir. Encore mon engagement sans faille pour le monde entier.  Lol

    Depuis j’ai mis un peu d’eau dans mon vin. Je découvre avec excitation que mon plaisir en procure aussi à ma partenaire. Quand je laisse mon esprit se concentrer tout entier dans la sensation de mon corps paralysé, les orgasmes sont démultipliés !

    Si je veux faire du bien je n’ai plus qu’à rentrer en moi et voilà que surgit l’émoi...

    Bon, c’est toujours aussi frustrant de ne pas pouvoir faire l’amour à l’instant où j’en ai envie alors j’essaye de formuler des invitations sexy comme ce texte ci :

    Tendez-moi la joue gauche, j’y déposerai un baiser ;)"

    Adrien

     

    Adrien a eu la gentillesse de se prêter à notre jeu de questions / réponses. Mais il vous faudra attendre demain pour découvrir ses réponses...

  • Lancement de notre Dossier de Communication

    Dossier COMMUNICATION.JPG

    Nouvelle année, nouvelles résolutions !

    Nous commençons par la communication.

    C'est avec fierté que nous vous présentons notre dossier de COMMUNICATION

    et ses 6 Fiches thématiques :

    Fiche 1 - Qu'est-ce que CH(s)OSE ?

    Fiche 2 - Que veut dire vie affective et sexuelle ?

    Fiche 3 - Qu'entend-on par assistance sexuelle ?

    Fiche 4 - Vers un droit à la sexualité

    Fiche 5 - Idées reçues sur l'assistance sexuelle

    Fiche 6 - Bibliographie et références

  • Témoignage d'Audrey

    Témoignages.jpgDans notre thématique Plaisir...

    Nous vous proposons le témoignage d'Audrey :

    Quand et pourquoi s'est-elle intéressée à la question "Sexualité et Handicap" ?

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    Je suis psychologue clinicienne et depuis de nombreuses années je constate effectivement les difficultés et le manque de reconnaissance attribués aux personnes que j'accompagne concernant leur vie affective et sexuelle

    Cela a commencé quand j’étais Aide à domicile pour des traumatisés crâniens, où le jeune homme de 22 ans que j’accompagnais (handicapé suite à un AVC à l’âge de 16 ans) a commencé à me parler de ses questionnements, de ses désirs, de ses envies, et puis ça l'intriguait tout simplement ... depuis le temps qu'il y pensait ! Son AVC l’avait comme coupé en plein vol, à l’âge où sa sexualité émergeait ; mais avec le handicap, ses troubles cognitifs, …  Les rencontres étaient déjà rares (car la vie sociale s’était réduite) et compliquées ; la question s’était même posée qu'il rencontre une prostituée mais hors de l'aspect légal, toutes sortes de questions se sont posées à nous (autant pratique et psychologique : former la personne aux gestes de transfert, impact traitement sur l’érection ? qui veut-il pour l'y conduire ? est-ce la place de la famille ou de l’aide à domicile ? était-il réellement prêt pour un acte sexuel ? ...) bref une multitude de questions techniques, éthiques, pratiques, pour un moment d’intimité ; j’étais forcée d'admettre l’impossibilité de répondre à cette demande en l’état actuel des choses ; une demande pourtant si compréhensible.

    Mes quelques années en gériatrie m’ont permis de constater que la sexualité y était aussi difficilement acceptée, surtout sur le versant pulsionnel, et hors couple ; alors pour résumer : c'est interdit, empêché par crainte que cela ne soit pas consentit (surtout avec les déments) !

    Depuis 4 ans, de nouveau je travaille avec des adultes handicapés et, 15 ans après cette première expérience, toujours les mêmes frustrations, questions et toujours peu de solutions concrètes et satisfaisantes à leur proposer !

    Alors j’ai décidé de m'investir dans cette question qui ne cesse de se poser dans ma pratique depuis 20 ans et pour laquelle les réponses sont encore et toujours insuffisantes.

     

    Audrey