• Témoignage de T. (Partie 3)

    Témoignages.jpgDans notre thématique plaisir...

    Voici le dernier volet du récit de T. sur l'Amour façon PMR.

    Le comparatif de sa sexualité d'avant et de maintenant. Sa flexibilité est une force, et le plaisir revit grâce à cette adaptation au changement.

    "L'amour, un soin du corps et de l'âme"...

     

    Le comparatif

    La moitié de ma vie valide et l’autre handicapé. J’ai vécu avec bonheur et enthousiasme les années 80 et la libération des mœurs. Ma sexualité était riche et variée, sans limites et joyeuse la plupart du temps. Lorsque je fus touché par le handicap moteur je fus abandonné par mon amante de l’époque et j’ai passé quatre ans d’abstinence et de frustration jusqu’à l’obsession. Lorsque j’ai eu à nouveau une expérience sexuelle ce fut un fiasco car j’essayai vainement de parodier mon ancienne existence. Encore une frustration jusqu’à ce que je rencontre une femme qui a perçu mon désir et qui m’a regardé avec amour. Elle m’a aidé à passer le pas d’une nouvelle sexualité. Une sexualité de désir réel et d’attention à l’autre et à moi-même. Une sexualité non performative et pourtant extraordinairement stimulante et inventive. Une sexualité apaisée et douce même si la vigueur se mobilisait parfois, nourrie de rage et de colères intérieures. Une envie virile de domination et une énergie du désespoir me portaient alors.

    Une sexualité où nous apprenions l’un de l’autre et étions animés d’une tendresse infinie. Une sexualité de plaisir teintée de magie et d’absolu. Une sexualité d’apaisement et d’amour joyeux. Une sexualité qui nous a animés jusqu’à son légitime désir d’enfant.

    J’étais déjà père et ne me sentais pas à assumer à nouveau une paternité ne vivant déjà la mienne qu’à temps partiel et avec beaucoup de frustration de ne pouvoir jouer comme un père valide avec mon garçon ni assurer beaucoup de gestes ordinaires. Elle partit chercher ailleurs un autre géniteur sans succès hélas.

    Vingt ans plus tard nous nous sommes retrouvés et mon désir pour elle était intact. Quelques temps nous avons réanimé cette flamme grâce à l’ardeur de mes élans mais sa vie l’avait éloigné du désir des hommes et je n’y faisais pas exception. Je compense aujourd’hui de loin en loin mais sans retrouver la complicité que nous avions. Il me semble que cette sexualité est toujours faisable pour moi et je ne désespère pas de trouver une partenaire avec qui continuer à m’épanouir. Si je pouvais j’aurai recours à des services payants sans aucune arrière-pensée Je regrette le temps des maisons closes qui rendaient la chose tellement plus facile !
    Je pense qu’il est possible de professionnaliser cette prestation pour permettre un meilleur épanouissement et tout particulièrement pour les personnes handicapées.

    Ressentir du plaisir même occasionnellement compense en partie la douleur des corps blessés et améliore l’estime de soi. Faire l’amour est un antidote à la colère et à la rancœur. L’amour est un soin du corps et de l’âme. Quels qu’en soient la forme et la fréquence c’est toujours une richesse dont chacune des pépites enrichit le trésor qu’est la vie.

    L’emploi de sex-toys, la réalité virtuelle et l’accessibilité à la pornographie sans limites sur internet ne sont que des ersatz en regard d’une réelle complicité. Je ne rejette en rien ces pratiques et même je les encourage faute de mieux mais sans en être dupe. Il conviendra selon moi d’en parler ouvertement à ses pairs et aux personnes de son entourage afin de ne pas s’enfermer dans des névroses obsessionnelles et qui sait peut-être trouver des solutions plus satisfaisantes.
    L’approche et le suivi dans ce domaine par des professionnels et plus largement par la société civile s’enrichira certainement de la prise de parole décomple
    xée des individus concernés.

    Couple qui s'embrasse _Film d'un monde à l'autre.jpg

    Nous remercions vivement T. pour ce partage !

     

     

  • Témoignage de T. (Partie 2)

    Témoignages.jpgDans notre thématique plaisir...

    "L'amour façon PMR" racontée par T. dans la partie 1 vous a interpellé ?

    Aujourd'hui, il nous propose un récit explicite et néanmoins poétique sur le pratico-pratique et le réveil des sens. Oui, il y a moins de place pour la spontanéité, encore que... Mais le plaisir est bien au rendez-vous ! Et c'est bien là notre quête à tous.

    Le transfert au lit et les pratiques

    De retour à la chambre à coucher on aura plaisir à se mettre au lit. Le transfert se fera seul ou accompagné dans un lit propre, solide et accueillant et dans une chambre suffisamment chauffée et doucement éclairée pour y être détendu. Un peu de musique, de l’encens ou toute ambiance apaisante aideront à se sentir bien selon les goûts de chacun.
    On peut alors prévoir la seconde partie des soins de confort et d’hygiène.
    Un drap de bain pour protéger la literie.

    On s’installera confortablement et un moment de propositions pourra se faire par le dialogue. Talc, huiles, essences, frictions, massages, étirements tout ce qui peut concourir au mieux être sera bienvenu.
    J’adore recevoir des soins et aussi en donner. Le dialogue, la curiosité, l’échange créeront alors un climat de confiance accru propice peut-être à une reprise des jeux érotiques voir à un acte sexuel abouti plus ou moins selon les aptitudes des partenaires.

    Chaque instant partagé dans cet esprit de recherche de plaisir est en soi une façon de s’aimer. Chaque parcelle du corps qui touche à la félicité participe pleinement au mieux être global.
    Lâcher prise et recevoir pleinement les intentions de son partenaire ou se mobiliser pour lui et procurer autant de plaisir que possible sont des sources de joie profonde.
    Se laisser le temps de se désirer tant, l’un et l’autre, que la fusion devienne nécessaire autant qu’elle sera possible. S’interpénétrer après s’être explorés.

    Tout l’art consistera à se donner les moyens nécessaires pour arriver à se satisfaire chacun et idéalement ensemble.
    L’attention à l’autre est plus que nécessaire sans pour autant s’oublier soi-même.

    Ne pouvant pas donner de coups de reins ni trop bouger mon bassin, je préfère être allongé sur le dos ou encore « en cuillères ». Les éléments de prise seront fort utiles, comme les potences, les têtes et pieds de lit et tout ce qui peut concourir à la mobilisation active.

    J’inviterai donc ma partenaire à se placer au-dessus de moi à croupie ou à genoux les mains sur ma poitrine pour jouer avec mes seins et me caresser. J’aime la regarder, la caresser aussi et me perdre dans ses yeux. J’aime aussi la regarder se frotter sur moi. Ma lésion haute exacerbe ce qui est sensible et permet malgré tout un ressenti vague et global au-dessous. Si bien que l’alternance ou la simultanéité de ces sensations peut se combiner à l’infini dans des gammes et des tonalités surprenantes.

    La pointe de mes seins est terriblement sensible et lorsque je suis excité un pincement ou une morsure légère peut provoquer un orgasme puissant et quasi instantané.
    Seul il m’arrive de me caresser simultanément le sexe et pincer la pointe de mes seins ce qui crée un lien de stimulation. J’associe consciemment les sensations et je peux ainsi gonfler suffisamment et me branler jusqu’à en jouir.
    La modification de perception de mon schéma corporel a créé de nouvelles zones érogènes subtiles et combinées.

    J’apprécie du coup énormément quand ma partenaire frotte son sexe ouvert, chaud et humide partout où je peux ressentir son état. En moi fusionnent les sensations recréant un tout et non un corps coupé en deux.
    Je peux ainsi m’immiscer en elle par morceaux et la sentir s’émouvoir. Presque aussi finement qu’avec ma bouche avide de ses sucs, ma langue qui la goûte ou mes doigts qui l’explorent. Qu’elle se frotte sur ma poitrine, mes épaules, mon cou ou mon visage, tout m’excite. Je m’électrise si la pointe de mon sein vient à jouer avec son bouton de rose.
    Je suis un gourmand et je me régale de tout ce que ma partenaire voudra bien m’offrir à déguster et ressentir. Ses gestes, ses traces, ses odeurs, tout ce que je peux recueillir d’elle me comble et me permet une fusion subliminale. Elle se fond en moi et je l’accueille comme un cadeau.

    Si j’arrive à avoir une belle érection je peux la maintenir en serrant la base de ma verge et ainsi la présenter et l’orienter pour permettre une pénétration. Ma partenaire peut elle aussi s’en saisir et l’introduire en elle. Dans un lit médicalisé j’apprécie de pouvoir jouer avec la télécommande afin de relever mon buste ou mes jambes afin de me caler ou de mieux voir la pénétration.
    Là encore il s’agit de combiner des sens pour amplifier les effets. Voir mon gland se frotter à son sexe, tutoyer son clitoris et se glisser dans son antre me permet presque de ressentir ce qu’en réalité je ne sens qu’à peine et de façon diffuse.
    Voir sa langue titiller mon frein, ses mains s’affairer fermement sur ma hampe ou caresser mes parties et ses lèvres s’ouvrir pour avaler mon dard me racontent beaucoup plus que ce que j’en ressens.
    L’amour que nous faisons est alors tout autant un acte physique qu’une histoire érotique que je me raconte à la lueur de mes sens en émoi.
    C’est souvent le rythme cardiaque qui me freine dans ces transports amoureux.

    Je peux aussi aider et diriger ma partenaire en maintenant ses hanches c’est alors une danse que nous menons à deux dans un dialogue silencieux. Je peux indiquer les mouvements désirés ou limiter une gêne éventuelle. Que ce soit face à elle ou si elle est de dos à croupie ou à genoux, Je peux l’attirer vers ma bouche ou l’empaler sur moi si elle l’accepte.
    Il m’arrive parfois d’avoir des velléités d’étalon et de vouloir à mon tour être au-dessus à genoux ou allongé. Je dois alors me tenir sur mes coudes ou me tracter à la tête du lit mais c’est souvent assez vain et frustrant ce qui se solde par beaucoup d’efforts, peu d’effets et souvent une perte d’érection due à une trop grande sollicitation de l’équilibre et du mouvement. Je finis en sueur,  comme un cheval mort qui écrase sa partenaire ce qui n’est pas très agréable j’en conviens.

    N’ayant pas d’éjaculations externes je peux désormais jouir à répétition. L’orgasme s’il reste un paroxysme n’est plus un but ultime mais juste une étape. Comme une femme je peux moduler mon plaisir à l’infini. Mon handicap m’a offert cette ouverture d’esprit. C’est un épanouissement plus qu’une frustration.

    La jouissance chez moi se traduit par une forte spasticité, des mouvements réflexes du bassin et des ondes spastiques dans la sphère uro-génitale. Si par bonheur j’ai et je conserve une érection qui me permet une bonne pénétration je peux spasmer dans son ventre ou dans sa bouche et ressentir comme une éjaculation. Tout mon schéma sensoriel se retrouve unifié dans une explosion orgasmique qui peut me transporter à des paroxysmes me surprenant moi-même ! Et ça peut durer et reprendre aussi longtemps que mon cœur et mon désir le permettent.

    J’en reste donc la plupart du temps à ce qui satisfait au mieux l’un et l’autre.

    Pieds entrelacés_FR.jpg

    A demain pour la suite et fin de cette trilogie !

  • Témoignage de T. (Partie 1)

    Témoignages.jpgDans notre thématique plaisir...

    T. nous parle de "l'amour PMR" sans retenue. Il nous a concocté un texte voluptueux où il dévoile tout un champ de possibilités. Et oui ! pourquoi se limiter simplement parce que nous sommes en fauteuil ? Ne laissons pas libre cours seulement à notre imagination ! Passons aux actes, et laissons-nous envahir par le plaisir !

    Nous vous proposons le témoignage de T., sous forme de trilogie ! Car le plaisir c'est aussi ça... L'attente de la suite...

     

    Propre et détendu (Partie 1)

    Vivre un corps à mobilité réduite c’est un peu comme vivre un confinement à perpétuité. Une impression d’enfermement permanent. De fait on subit une immobilité relative qui induit souvent un sentiment de macération et d’ankylose doublés parfois de douleurs posturales et ou neurologiques que majorent des épines irritatives diverses.
     
    Donc en guise de préliminaires on aura, pour ma part au moins, à cœur de se sentir propre et détendu. Pour ce faire un moment de toilette suivie de soins de confort sera donc bienvenu.
    Idéalement dans un lieu adapté et si possible joliment décoré dans lequel régnera une ambiance douce et parfumée sans excès.

    Ces soins peuvent aussi se réaliser au lit ou au fauteuil.
    Le partenaire valide pourra proposer de déshabiller doucement la PMR puis le laver au gant avec douceur. Une cuvette , du savon, un drap de bain, une serviette et un gant feront l’affaire si la salle d’eau n’est pas accessible.

    C’est le moment de la découverte du corps de l’autre. Un dialogue détendu et des gestes attentifs contribueront à apaiser la relation. Rien ne presse.

    L’observation mutuelle est déjà une forme de plaisir. Se laisser regarder et regarder l’autre. Laisser ses yeux découvrir ce qui est caché. Laisser les mains dévoiler et tâter, frotter, caresser, masser, détendre.

    Laisser les sens s’émouvoir avec bienveillance et se laisser aller aux mains de l’autre.
    J’adore partager ces soins de propreté et je trouve terriblement excitant d’avoir une femme qui s’accroupit pour me laver les jambes et les pieds ou qui se glisse derrière moi pour s’occuper de mon dos ou de mon torse et de mes bras.
    Glisser mon regard dans son décolleté et y entrevoir l’aréole d’un sein ou dans l’échancrure d’un peignoir qui dévoilera ses jambes et peut être un peu plus si elle y consent s’offrant à mon regard.

    Les ablutions peuvent se partager intégralement ensembles ou à tour de rôle selon les envies et les possibilités. Laver l’autre c’est aussi un jeu érotique.
    Si ces gestes éveillent un peu de gourmandise pourquoi ne pas se déguster en guise d’apéritif ? S’ouvrir l’appétit.
    Je n’hésite jamais à montrer mon envie d’en voir plus ou d’en offrir plus.
    La position assise rétracte le pénis et comprime les testicules aussi selon les possibilités je me placerai bassin avancé pour me dégager pour une toilette intime tout en veillant à ne pas tomber en cas de spasticité des MI.
    Selon le degré d’excitation cette partie de la toilette peut se transformer en caresses plus appuyées pour encourager une érection. Là encore pas de précipitation ni de prise de risque de glisser ou tomber !

    Dans cette position le sexe oral, la masturbation , les masturbations réciproques ou le fait d’être chevauché de face ou de dos sont possibles. Il faudra surtout veiller à bien freiner son fauteuil voir à se caler le long d’un meuble ou d’un mur pour ne pas partir en arrière. La partenaire pourra avantageusement se tenir au lavabo ou à la baignoire pour se pousser vers le sexe tendu vers elle sans qu’il soit besoin de bouger le bassin plus avant.

     Se frotter, se goûter, se lécher, se caresser, tout ce qui peut faire du bien sera bienvenu !
    L’emploi d’accessoires sans risques de blessures peut agrémenter aussi ce moment de jeux érotiques que seule l’imagination limitera.

    Dans une douche ou une baignoire on pourra aussi se laisser aller à uriner sans crainte. Pour un paraplégique voir ou sentir quelque chose couler de son sexe peut être source de plaisir. Se laisser aller sans retenue si ce sentiment de transgression est accepté par les deux partenaires. On est encore dans le lieu de propreté et la douche ou le gant effaceront ces débordements chauds et dorés.
    Ces pratiques de voyeurisme, d’exhibitionnisme et de transgression renforcent la complicité.
    L’emploi de glaces et de miroirs ajoutera au regard que l’on pose sur soi-même et sur l’autre. Un levier qui peut être positif pour sa propre psyché tout en esthétisant la scène.


    Le séchage avec des serviettes douces suivra voir aussi avec un sèche-cheveux pour éviter les macérations.

     

    A demain !